Wastefall (Domenik Papaemmanouil) le 12 Janvier 2007 - Paris


Un groupe de métal grec ? C’est quoi ça ? Ca ressemble à quoi ? C’était nos questions avant d’entendre l’album Self Exile du groupe Wastefall … Un timbre à la Daniel Gildenlow, une musique progressive et heavy chargée d’ambiances différentes, et surtout une bonne claque c’est ce qu’on en a finalement retenu ! Pas étonnant de voir tous les magazines offrir d’aussi bonnes notes à l’album … Rencontre avec le chanteur du groupe Domenik Papaemmanouil, et une incursion du guitariste Alexandros Katsiyannis …


Aedonia : Quelles étaient vos envies pour cet album ?
Domenik Papaemmanouil : Self exile aborde le thème de la recherche de soi, du besoin qu’ont les hommes de rechercher des réponses en eux-mêmes quel que soit le sujet, la religion, la société …C’est un album plutôt personnel, et le plus noir de nos albums jusque maintenant, le plus heavy aussi.

A : Comment s’effectue votre travail d’écriture au sein du groupe ?
D.P. : La plupart des morceaux sont d’abord écrits par Alex et moi, Alex s’occupe d’arranger les paroles surtout, ensuite nous travaillons ensemble pour que chacun apporte sa contribution et sa propre vision du morceau.

A : Est-ce que cet album suit un concept particulier ?
D.P. : Non il n’y a pas vraiment de concept dans cet album, mais il y a un thème conducteur, la recherche de soi, comme je le disais tout à l’heure. Chaque morceau porte une émotion particulière, la met en valeur, soit quelque chose que l’on veut atteindre, soit quelque chose dont on veut s’affranchir.

A : Est-ce que le dernier est une sorte de résumé ou conclusion de l’album ? (le dernier couplet reprend tous les titres de l’album)
D.P. : Le dernier titre parle de la peur de mourir, et en fait à la fin du titre le personnage devient fou. Les paroles n’ont pas vraiment de sens et nous les avons improvisées à partir des titres de l’album.

A : Il y a une sorte de dualité dans les paroles, toujours « moi » et « les autres » …
D.P. : Oui en fait nous avons essayé d’expliquer les différences entre les gens, qu’elle que soit la couleur de ta peau, qu’elles que soient les origines, en se replaçant toujours dans la tête d’une personne et en abordant sa relation avec les autres, avec la société. Le thème central est vraiment la relation avec les autres. Le prochain thème sera la révolution (rires) …

A : C’est un scoop alors !
D.P. : Oui absolument (rires).

A : Vous parlez beaucoup des humains mais aussi beaucoup de divinités, est ce que c’est un engagement personnel ou plutôt une critique ?
D.P. : C’est un peu notre point de vue général sur le sujet. C’est une façon poétique d’exprimer ce qu’on pense, Alex est le poète du groupe et il écrit 99% des paroles, et il essaie toujours d’exprimer nos idées de la façon la plus poétique possible, que ce soient des émotions, les gens, les expériences de la vie.

A : Comment avez-vous pris contact avec Intrometal ?
D.P. : En fait nous avons juste envoyé un email. Ils nous connaissaient déjà, avaient entendu Soul Rain notre second album. Nous avons été très contents de les rencontrer, et nous en sommes reconnaissants car tout ce qui arrive aujourd’hui c’est grâce à eux. C’est un très bon début pour nous de réussir à sortir de notre pays, car la scène grecque est très mal connue. Il y a beaucoup de groupes en Grèce mais ils ne s’exportent pas.

A : Oui c’est étrange car nous n’avons pas l’habitude de rencontrer des groupes grecs …
D.P. : Oui le seul groupe grec vraiment connu est Rotting Christ. Et la scène grecque est un peu différente, car ces 10/20 dernières années le métal grec a plutôt donné dans le Black et le Death plutôt que le Heavy. Ils bourrinent bien généralement, et j’aime bien d’ailleurs écouter ces groupes, même si nous sommes un peu différents. Nous avons un chant en majorité clair, ce qui me pose des problèmes d’ailleurs là-bas, car on vient me voir pour me dire, allez arrête, reprends toi tu chantes de la variété ...(rires)

A : Comment vous êtes-vous retrouvés à travailler avec Tommy Hansen ?
D.P. : C’est Intrometal qui a arrangé ça et c’était super de le rencontrer au Danemark. C’est un gars très sympa, il a vraiment été à l’écoute avec nous, et c’est un grand professionnel. Il juste mixé tous les enregistrements que nous avons faits en Grèce par nous-même et il a vraiment fait un super travail. Nous avons préféré enregistrer à notre manière, car nous avons notre propre vision du son, nous enregistrons en analogique et pas en numérique, même si aujourd’hui tout est numérique, on ne peut plus y échapper. J’espère qu’on pourra rester en analogique pour le prochain album.

A : Aujourd’hui tu préfères enregistrer tranquillement chez toi, ou le faire en studio ?
D.P. : Je préfère être seul ou avec le groupe pour enregistrer. Pour Self Exile, les paroles ont été écrites en 12 heures, et toutes enregistrées quasiment en une seule prise, à part quand je double ma voix (rires). On a travaillé de 7 heures du soir à 7 heures du matin et c’était bon ! Je suis allé dans un studio pour enregistrer car un de mes amis travaille dans un studio et a pu m’arranger une séance. J’ai chanté toute la nuit sans pouvoir m’arrêter et je ne voulais pas le faire d’ailleurs, car j’étais dedans, je sentais bien les choses. Ma voix n’est pas parfaite, je n’ai pas pas de capacités vocales extraordinaires, mais notre musique est vraiment basée sur les émotions et les ambiances, et comme je les tenais je ne voulais pas les laisser échapper.

A : Comment avez-vous procédé pour enregistrer les guitares ?
D.P. : Hmm ça fait partie de nos secrets … (rires) … En fait nous avons enregistré avec un Pod XT, directement branché dans un Pc. Je joue sur une Gibson SG, qui a un son vraiment très riche, et nous utilisons nos propres réglages sur le Line 6.

A : Allez-vous tourner avec le même matériel ?
D.P. : Oui oui on utilise le même matériel. Je suis un gars très simple, j’aime bien juste me brancher dans une tête, sans effets, sans rien. Les effets, les trucs un peu bizarre c’est plutôt Alex qui s’en occupe.

A : Cherchez-vous à être endorsés ?
D.P. : Oui nous y travaillons. C’est une arme de pouvoir avoir de très bons instruments, et d’être bien épaulé. Après tu peux aller dans n’importe quel pays à travers le monde et tu as toujours le même matériel, les mêmes amplis, les mêmes effets, et c’est important de pouvoir retrouver son son, où que tu sois.

A : Est-ce qu’il y a des groupes ou des artistes avec lesquels vous avez envie de travailler ou jouer ?
D.P. : Nous avons déjà joué avec Pain of Salvation, Fates Warning, Black Sabbath et nous en sommes contents. J’aimerais tourner avec Opeth, Nevermore qui font partie de mes groupes préférés. Porcupine Tree aussi ! Ah et Anastasia (rires) … J’adore sa voix ! (rires)

A : As-tu d’autres groupes que tu aimes écouter ?
D.P. : J’aime bien Placebo, Raining Pleasure, un groupe de rock alternatif grec, et puis d’autres styles de musique, car j’étais pianiste au début, alors j’écoute pas mal de musique classique, comme Rachmaninov par exemple … Chopin aussi …

A : Vous écoutez tous le même style de musique dans le groupe ?
D.P. : Alex et moi nous sommes proches dans nos goûts. Notre batteur est un mec très étrange, car il écoute beaucoup de rock alternatif et aime bien jouer un peu n’importe quoi un peu tout le temps, notre bassiste écoute plutôt du Heavy comme Metallica, notre claviériste est un peu comme moi, mais plus dans le style rock et funk, le jazz aussi.

A : Quelles sont les prochaines étapes pour Wastefall ?
D.P. : Nous allons essayer de bien promouvoir cet album car nous avons eu de très bonnes critiques pour Self Exile, notamment ici en France, aux US et en Italie. Nous avons besoin de monter une bonne tournée, car nous sommes un bon groupe live je pense, nous détruisons tout (rires), non je rigole, généralement on nous dit qu’on est meilleur en live que sur le Cd.

A : Vous avez quelque chose de prévu côté tournée ?
D.P. : Nous essayons de prévoir quelque chose en France pour bientôt mais rien n’est fait pour le moment.

A : Que penses-tu de cet élan français pour votre album ?
D.P. : Je remercie tout le monde pour ça, j’en suis très fier. J’aime beaucoup la France, Paris, la culture française qui est très proche de la notre, et c’est un honneur pour nous d’être accueilli comme ça en France. Maintenant nous voulons jouer ici ! (rires)

A : On vous voit en acoustique demain !
D.P. : Oui mais en acoustique c’est pas pareil. Nous allons jouer surtout des ballades, et des morceaux arrangés spécialement, mais pas notre vrai concert !

A : Comment avez-vous choisi l’artwork de l’album ?
D.P. : C’est en fait un ami à moi, qui est chanteur dans son propre groupe métal prog, et qui est un artiste à part entière. C’est un très bon graphiste et il avait déjà fait l’artwork de l’album Soul Rain alors nous lui avons fait confiance pour cet album. Nous lui avons donné une copie du Cd et l’avons laissé faire. Il nous a proposé trois versions différentes et nous avons choisi celle-là car c’est la plus fidèle à l’album.

A : Est-ce qu’il y a des rêves en dehors de la musique que tu voudrais réaliser ?
D.P. : J’écris de la musique pour des petits films et pour des pubs alors j’ai pas mal d’expérience concernant l’écriture musicale pour l’écran, alors j’aimerais écrire la musique d’un grand film hollywoodien bien sûr (rires) mais je préfère quand même rester là où je suis, jouer moi-même et monter sur scène avec ma guitare, dire des choses que je pense. J’ai beaucoup de rêves en fait, et en dehors de la carrière dont je peux rêver, et des groupes avec lesquels je voudrais jouer, c’est vraiment la musique qui me fait rêver et je voudrais pouvoir en vivre. Mon vrai rêve serait de passer chaque moment de ma vie à jouer de la musique. En Grèce, j’ai un autre travail pour pouvoir vivre, je joue du piano pour un restaurant. Ah, Alex nous rejoint, peux-tu nous parler un peu plus des paroles de l’album ?
Alexandros Katsiyannis : L’album traite de tous les aspects philosophiques de l’exil. C’est de l’exil qu’on revient changé, un nouvel homme, et l’album traite de cet état d’exil, de la conversation avec soi même qui donne naissance au changement de soi. Certains morceaux sont un peu différents, un traite de l’amour perdu, un autre avec d’anciens rituels grecs, d’autres avec la vie de tous les jours.

A : Merci bien !
D.P., A.K. : Merci la France !

Site officiel : www.wastefall.com.