Aedonia : Dans quelle direction voulais-tu aller avec ce nouvel album ?
Stéphan Forté : Par rapport au premier, je voulais quelque chose de plus sombre et de plus progressif.
Aedonia : Quel est le concept de ce nouvel album ?
Luca Turilli : En fait ce qu’on montre à l’aide du titre de l’album Symphony of Enchanted Land II c’est que cette nouvelle saga , The Dark Secret est connectée à la saga précédente. Elle commence quelques années après la fin de la saga précédente dans une situation particulière qui concerne le fameux Livre Noir écrit par un démon. Six volumes de ce livre ont déjà été trouvé dans des époques différentes, et un septième fait son apparition. C’est le plus important de tous car il contient le fameux Dark Secret qui effraie tout le monde et qui menace pas seulement l’Enchanted Land mais aussi le monde entier. A partir de là la nouvelle saga démarre ; elle est pleine de spiritualité, d’éléments mystiques, peut être un peu plus noire que la saga précédente.
A : Selon toi qu’apporte de nouvel album par rapport aux anciens ?
LT : Ces deux dernières années ont apporté beaucoup de changement au sein de Rhapsody, des changements dans la base et les racines mêmes du groupe. Nous avons un nouveau management, de nouveaux contrats pour la première fois depuis que nous avons commencé, un nouveau budget plus conséquent pour nous permettre vraiment de faire ce qu’on voulait c’est à dire faire intervenir un grand orchestre et à mon avis c’est ce qui la plus grosse différence avec les albums précédents. Nous avons toujours voulu faire un genre musical complètement lié aux musiques de film et maintenant grâce à note nouveau management on peut vraiment faire notre « musique de film métal ». Grâce aussi à cet orchestre et au fait que l’on ait pu inviter le grand Christopher Lee. Tous ces éléments contribuent à donner un nouveau souffle à Rhapsody et sur tout à amener la musique du groupe à un autre niveau qui va maintenant devenir le niveau standard de Rhapsody. Je pense que nous sommes maintenant plus proches des films de cinéma et des mondes dont nous voulons parler et qui nous attirent énormément.
A : Comment s’est passée la rencontre avec Christopher Lee ?
LT : En fait c’est une longue histoire. Ca a commencé chez Alex pendant qu’on discutait de ce que serait ce nouvel album, surtout de ce qu’il aurait de spécial, Et je me souviendrait toujours de ce moment, on avait statué sur le fait qu’on utiliserait un grand orchestre pour enrichir notre musique et je ne se sais pas ce que les gens vont en penser mais pour nous ça sonne vraiment bien, la musique est fantastique et c’est un rêve qui devient réalité. Nous étions à la recherche d’une manière de mettre en valeur les textes de la saga et je me suis souvenu avoir regardé un grand nombre de fois les films du Seigneur des Anneaux en version originale, avec les voix originales, et la voix de Christopher Lee m’avait énormément marqué, je la trouvais vraiment fantastique, très basse, très dramatique. C’est une voix qui va bien par exemple pour annoncer qu’un nouveau film va sortir. On s’est dit que ce serait bien d’avoir une telle voix dans notre album mais on s’est dit que c’était pas possible. Malgré tout on s’est dit pourquoi pas essayer avec notre nouveau management peut être ça pourrait marcher. Nous leur avons alors demandé et ils nous ont répondus qu’ils voulaient bien essayer mais bon qu’il ne fallait pas trop y croire. Joey De Maio (Manowar et manager de nombreux groupes) était déjà connecté à Orson Welles car il avait déjà travaillait avec lui et il s’est trouvé que le mari de la fille de Christopher Lee, Christiana Lee, est un de nos fans ! Du coup ça nous a pas mal aidé. Quand Christopher Lee a voulu savoir quel musique on faisait on lui a envoyé nos morceaux les plus symphoniques, pas les plus métal et il a aimé. Je pense que si on lui avait montré le côté le plus métal il aurait été moins convaincu, car il adore l ‘opéra, les grands orchestres symphoniques, il est lui même chanteur d’opéra. Comme il a été séduit pas le côté symphonique et théâtral de Rhapsody , il a décidé de le faire. En plus il cherche à déduire un public plus jeune, car la plupart des gens le connaissent pour ses anciens rôles dans Dracula, 007, et par le Seigneur des Anneaux et Star Wars, il cherche à toucher un nouveau public. Quand on a eu la nouvelle, en fait on a pleuré de joie, c’était au-delà de nos réelles espérances.
A : Vous avez pas essayé avec Liv Tyler ?
LT : (rires) Oui c’est vrai elle a aussi une très belle voix mais le budget était plus gros que les précédents mais pas à ce point là quand même !
A : Comment as-tu réalisé les prises de son guitares pour cet album ?
LT : Eh bien, c’est un secret de Rhapsody que je ne peux pas révéler, car Rhapsody est un groupe particulier. C’est n’est pas un groupe de m étal typique, nous avons un style particulier pour les guitares, nous adaptons toutes les guitares au côté orchestral de Rhapsody et nous utilisons les orchestres de façon différente par rapport aux autres groupes, tu comprendras en écoutant le nouvel album. Quand tu enregistres un orchestre, il faut vraiment le sentir jouer et il faut adapter les guitares pour qu’elles puissent se fondre dans l’orchestre. Je crois que dans l’histoire de la musique il n’y a pas plus difficile que ce qui se passe pour Rhapsody parce qu’il faut vraiment travailler le son des guitares à cause de l’orchestre, en terme de fréquences, de lignes instrumentales. Il faut bien dissocier les guitares des violons, et il te faut un son de guitare qui se fusionne avec l’orchestre. C’est le côté le plus difficile de Rhapsody et c’est pourquoi le mixage de l’album a duré deux mois. Sasha (Paeth) fait un très bon et très gros travail pour que Rhapsody sonne vraiment bien, et c’est pourquoi c’est toujours lui qui s’occupe de nos albums. Il sait vraiment faire en sorte que notre musique sonne et il connaît tous nos secrets. Sinon j’ai utilisé la nouvelle tête Line6 HD147 dont Evanescence fait la publicité et mes guitares habituelles pour les solos. J’ai utilisé des guitares à Sasha pour les rhytmiques. De ce côté là c’était comme d’habitude, c’est vraiment Sasha qui font le son ensuite.
A : Il y avait combien de personnes dans l’orchestre ?
LT : Il y avait en gros 60 personnes pour les chœurs et 60/70 personnes pour les instruments.
A : Vous avez fait l’enregistrement en Italie ?
LT : En fait nous avons joué avec un orchestre de République Tchèque et nous avons enregistré là-bas. Ca a duré une semaine, un longue semaine mais très satisfaisante.
A : Qu’écoutes-tu comme musique en ce moment ?
LT : J’écoute essentiellement des musiques de films. Je pense à mon prochain album solo, et mon rêve est d ‘écrire de la musique pour des films, des documentaires, c’est pourquoi j’écoute cette musique. Notre rêve à tous dans Rhapsody c’est de pouvoir jouer de pleins de styles de musique différents. Je trouve que c’est très gratifiant de voie sa musique connectée à des images, et bien que ce soit plus grand public ce n’est pas une histoire d’argent car on gagne plus d’argent par Rhapsody, c’est plus un rêve.
A : Tu as d’autres rêves en dehors de la musique ?
LT : Oh oui, j’ai beaucoup de rêves. Les plus accessibles sont ceux à propos de la musique : j’aimerais écrire que pour un orchestre par exemple. Mais sinon j’aimerais bien jouer dans des films, faire partie de la cérémonie des Oscars (rires) … Il faut avoir de grands rêves car sans rêves nous n’aurions jamais créer Rhapsody. Nous écoutions des groupes comme Helloween, Manowar, Blind Guardian, et nous ne pensions pas un jour pouvoir nous comparer à eux. Il fallait avoir ce rêve pour le réaliser. Mais c’est bien d’être ambitieux mais il faut savoir aussi rester humble, humain , surtout pas arrogant et toutes ces choses là.
A : Vous allez partir en tournée avec cet album ?
LT : Oui bien sûr. Je n’ai pas encore de dates car nous devons nous réunir avec la management en Août pour décider de tout ça.
A : Est ce qu’il y a d’autres musiciens avec lesquels tu aimerais jouer ?
LT : Probablement certains chanteurs. En fait je suis plus qu’un guitariste, je suis aussi compositeur. Je joue aussi du clavier, j’enregistre le tout avec un ordinateur, et on aura bientôt notre propre studio. Je suis assez complet et c’est surtout avec des chanteurs que j’aimerais travailler, notamment avec des chanteuses. Par exemple ce serait fantastique de travailler avec Tarja (Nightwish).
A : Est-ce que aujourd’hui tu travailles encore beaucoup la guitare ?
LT : En fait j’écris mes solos, et quand ils sont difficiles, je les travaille. Mais c’est tout. Je n’ai pas énormément de temps libre pour travailler et je préfère consacrer ce temps à la composition.
A : Tu as commencé à jouer jeune ?
LT : J’ai commencé la guitare à 16 ans. Trop tard pour être un grand guitariste, j’ai juste atteint un certain niveau comme pas mal de gens, et qui me permet de faire pas mal de choses. Pour être un grand musicien, un très bon guitariste, il faut commencer à l’age de 8 ou 9 ans. Pour moi il y a deux très grands guitaristes en France qui sont Patrick Rondat et Stéphan Forté et pour moi ce sont les meilleurs ! J’adore leur style de musique. J’arrive seulement à jouer 1% de ce qu’ils font. Je peux composer , faire de solos, mais pas atteindre le niveau de jeu qu’ils ont.
A : C’est très humble !
LT : Je ne vais pas mentir, ce n’est pas mon style.
A : Tu as une technique préférée ?
LT : Oui j’adore le sweeping et l’effet de vague que ça donne. Pour moi les références c’est Jason Becker, Marty Friedman et leur projet Cacophony, c’est une vraie bible ! Im faut vraiment écouter les solos, et c’est génial la façon dont ils croisent !
A : C’est ce qui correspond le mieux à Rhapsody.
LT Oui et au style de musique. Je ne suis pas du tout pour l’improvisation, je ne connais pas de phrases bluesy. Pour moi la musique c’est de la musique classique, de la musique baroque, Paganini, Chopin, Bach … Je suis dans ce genre de plans, dans cette façon de jouer.
A : Ca veut dire pas de G3 avec Satriani alors ?
LT : Ah non, impossible, il n’en n’est pas question. Je serais trop ridicule.
A : Comment es-tu inspiré pour écrire ces histoires ?
LT : Quand je vais voir un film au cinéma, si je l’aime beaucoup, j’ai un surplus d’adrénaline qui me fait penser et imaginer quelque chose. Quand j’entends un bon groupe avec un bon morceau sur MTV, il faut tout de suite que j’écrive une chanson. C’est l’excitation, l’énergie que je sens autour de moi qui me pousse à écrire. Quand tu vas un film comme Le Seigneur des Anneaux, que tu vois ces paysages magnifiques, l’inspiration te vient tout de suite.
A : Pour le prochain album tu vas alors te rendre en Nouvelle Zélande sur le lieu de tournage du film ?
LT : Oh il n’y a pas besoin d’aller en Nouvelle Zélande. Près de Trieste, là d’où je viens, il y a des montagnes avec des chutes d’eau magnifiques. C’est aussi beau que la Nouvelle Zélande.
A : Veux-tu ajouter quelque chose ?
LT : Je peux ajouter beaucoup de choses. Mais je crois que le plus important c’est de dire que ce nouvel album de Rhapsody n’est pas qu’un pas en avant pour le groupe. Il devait être la preuve de quelque chose. Depuis le début en 97 nous travaillons très dur et nous n’avons pas perdu ce feeling des premiers jours. A cause du music buisiness, tu peux perdre ta sincérité de départ, ton identité. A chaque fois que l’on nous a demandé de faire des compromis, nous avons dit non. La vie est courte, et il faut rester fidèle à soi même. Aujourd’hui, au bout de sept ans, nous pouvons être fiers de cet album, car malgré un nouveau label, un nouveau management, un nouveau budget, il est la preuve que nous n’avons perdu notre esprit de départ et que nous sommes restés fidèles à nous mêmes. Nous suivons toujours la même direction et notre cœur n’est pas corrompu. Je suis très fier de ça et c’est pourquoi je suis toujours dans ce groupe.
Site officiel : www.mightyrhapsody.com.
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