Kamelot (Thomas Youngblood) le 15 Mai 2007 - Paris


Apres le succès de The Black Halo, Kamelot va encore plus loin dans la noirceur avec un nouvel album magistral, Ghost Opera. Entretien avec le guitariste-compositeur du groupe, Thomas Youngblood.


Aedonia : Après The Black Halo, que vouliez-vous faire avec ce nouvel album ?
Thomas Youngblood : eh bien avec Epica et The Black Halo ça fait 5 ans maintenant qu’on travaillait sur des albums concepts… non, 4 ans en fait… donc on voulait marquer la différence entre l’idée de concept et ce nouvel album qui est plus traditionnel avec 10 morceaux, des paroles toutes différentes, des petits conceots à eux seuls en fait… on voulait aussi un album plus sombre musicalement et aussi au niveau des paroles. Et je pense qu’on a réussi tout ça avec cet album.

A : comment avez-vous écrit cet album ? Avez-vous changé votre façon d’écrire ou non ?
TY : non, basiquement on a utilisé la même technique : on s’est réunis pour une session d’écriture « brainstorming » très intense et après on a été voir nos producteurs avec ce noyau de chansons pour discuter avec eux des arrangements, des sujets, de ce qu’on voulait que les chansons apportent, etc… C’est la même formule utilisée depuis le début.

A : avez-vous eu la possibilité de travailler plus ensemble ou est-ce que c’était toujours Khan en Norvège – les autres aux US ?
TY : ce qu’on fait c’est que je vais en Norvège et Roy vient en Floride ou on se rencontre tous les deux en Allemagne pour travailler sur les albums… on accumule pas mal de kilomètres entre les voyages et les tournées…

A : en parlant de noirceur, on a pu s’en rendre compte avec la vidéo du morceau-titre Ghost Opera : avez-vous changé quelque chose dans les mélodies, as-tu changé quelque chose dans ton son de guitare qui fait sonner cet album de manière encore plus sombre que The Black Halo ?
TY : je pense que les mélodies ont de manière générale plus tendance à vous hanter, comme les chœurs de Ghost Opera. Ils donnent une sorte d’atmosphère fantasmagorique. Comme je l’ai dit, on a voulu toucher à des sujets plus forts dans les paroles. Comme dans The Human Stain, c’est un état sur la manière qu’a l’Homme de détruire l’environnement. Donc ce n’est pas un album très joyeux – on n’en a jamais fait d’ailleurs… Mais l’important c’est que les mélodies, les chœurs, sont très accrocheurs je pense. Ce sont des mélodies qui restent en tête une fois écoutées. C’est donc un mélange délicat entre des atmosphères sombres et des parties plus puissantes : difficile à mettre en place mais très gratifiant une fois que c’est réussi.

A : votre son est également plus travaillé comme sur The Human Stain qui sonne un peu étrange, un peu indus. Etait-ce une volonté de votre part de modeler d’avantage votre son ?
TY : je pense qu’on a cette chanson différente sur chaque album. Sur The Fourth Legacy on avait déjà Lunar Sanctum qui était moderne, totalement différente des autres et sur le dernier album on avait The Haunting qui était également plus moderne et différente des autres. On a toujours expérimenté avec ce genre de chansons. The Human Stain est la chanson à part de ce disque.

A : as-tu amélioré ton son de guitare d’une manière ou d’une autre ?
TY : pas vraiment, j’ai des effets sympas comme le flanger des trucs comme ça mais c’est plus un son d’ensemble que je recherche en général…

A : vous utilisez aussi des mélodies orientalisantes sur cet album : est-ce que c’est quelque chose que vous aviez envie d’expérimenter aussi, de nouvelles mélodies, plus accrocheuses comme tu le disais ?
TY : pas vraiment : on essaie déjà de faire ça depuis The Fourth Legacy en fait, avec des mélodies orientales, arabisantes, asiatiques, etc… Ce n’est pas vraiment nouveau pour nous. Peut-être que c’est plus marqué avec la chanson Love me to Death avec cet intro un peu japanisante… Mais on essaie toujours de mélanger plusieurs influences, plusieurs structures dans ce qu’on fait comme de la new age, de la musique celtique… c’est un peu notre marque de fabrique en fait…


A : est-ce que c’est parce que vous écoutez chacun différents styles musicaux ?
TY : tout à fait : en dehors de Kamelot je n’écoute pas beaucoup de metal et ca m’amuse d’apporter au groupe ce genre de d’influence New Age que j’apprécie, ou des musiques de film… Oui je pense que c’est pour ça qu’on retrouve tout ça sur nos albums, c’est quelque chose qu’on aime faire…


A : pourquoi n’écoutes-tu pas de métal en dehors de Kamelot ? C’est plutôt inhabituel, non ?
TY : eh bien quand tu joues du métal tout le temps, quand tu en écris tout le temps, tu ne veux plus en écouter ensuite. C’est comme un joueur de tennis professionnel : je ne pense pas qu’il ait envie de jouer au tennis en vacances, je pense plutôt qu’il a envie de se relaxer, de faire totalement autre chose.. Du coup dans ma voiture j’écoute plutôt des radios qui passent peu de musique ou de la musique classique. Des choses totalement différentes de ce que j’ai à écouter tout le temps…

A : y’a –t-il des artistes ou des cds que tu écoutes spécialement en ce moment ?
TY : j’aime beaucoup la musique de Hans Zimmer, les musiques de film comme celle de Gladiator, The Rock, etc… Le compositeur franco-canadien René Dupéré qui a écrit la musique du Cirque du Soleil : c’est un de mes préférés, une grande inspiration pour moi. Je trouve sympa d’apporter ces étincelles musicales au cadre du métal.

A : il y a un spectacle du Cirque du Soleil en ce moment à Paris (Allegria), a-tu eu la possibilité de t’y rendre ?
TY : non, j’ai trop de travail. Mais il y a un spectacle à Orlando en Floride et c’est vraiment fabuleux. J’ai emmené le groupe voir le show pour essayer de nous inspirer de cet art et de la musique. Ce qu’ils font est très physique et ce qu’ils arrivent à en aire artistiquement n’est pas accessible à tous loin de là. C’est vraiment très beau.

A : avez-vous beaucoup d’invités sur cet album ?
TY : oui, on en a quelques-uns : Amanda Sommerville chante beaucoup de parties vocales féminines, elle a déjà beaucoup travaillé avec nous dans le passé et elle a en plus un projet solo. C’est Simon Simons qui chante sur la chanson Blücher. Et Sasha et Miro ont tous les deux apporté quelque chose sur l’album. Mais comme on n’avait pas fait un concept-album cette fois on ne voulait pas le surcharger d’invités, on voulait juste que ce soit un album, plus classique.

A : qui joue le violon d l’intro ?
TY : c’est intéressant parce que toute l’orchestration : tous les violons, les cordes… sont des samples… Miro a joué le violon au début. Ca serait chouette et exotique de dire que c’est Vanessa May qui a joué mais non.. En fait au départ on voulait une partie vocale à cet endroit puis on a voulu lier l’image de couverture avec cette partie de violon et ça a été une grande décision parce que maintenant on a cette partie en live et ça rend super bien visuellement : c’est très beau.

A : avez-vous beaucoup interagi avec Sascha et Miro pendant la composition de cet album ?
TY : oh oui, énormément. Je veux dire : toutes les idées viennent du groupe mais quelquefois Miro donnait sa propre vision des choses du coup ça modifiait ou non nos idées de base. Mais l’écriture des chansons et toutes les idées viennent du groupe.


A : as-tu changé quelque chose au niveau de ta guitare ou de tes amplis ?
TY : pas vraiment, j’utilise toujours un Mesa Boogie en studio. L’enregistrement a été un peu moins précis cette fois qu’auparavant : on a fait les choses plus de manière live tous assis ensemble, ce qui donne un côté plus live à l’album, plus naturel. La plupart du temps les groupes se rendent en studio, enregistrent les parties guitare de manière très précise et utilisent ensuite cette base pour le reste…


A : donc vous avez enregistré tous ensemble ?
TY : non, on enregistre toujours la batterie d’abord, ensuite la guitare, la basse, le chant. On fait toujours les choses séparément mais la batterie a un côté plus live, il y a très peu de samples. Les guitares ont été enregistrées en une ou deux prises au lieu de dix…

A : comment s’est passée la tournée avec Leave’s Eyes ?
TY : ça s’est très bien passé : on a rempli des salles entières, ça a été génial. On a fait un bon travail et on s’entend tous très bien. Ce sera notre première partie sur notre tournée au USA. Musicalement on est très différents mais les fans de chaque groupe interagissent, s’unissent et ça donne quelque chose de très spécial, j’aime bien ce mélange des genres.

A : quel est votre meilleur souvenir de cette tournée ?
TY : il y en a beaucoup : notre show complet en Hollande, la nuit qu’on a passée ici à Paris était géniale aussi, on a joué notre tout premier show en Serbie et c’était incroyable, on a eu l’impression que les fans attendaient de nous voir là-bas depuis toujours. C’était très spécial. C’est dur à décrire parce que chaque nuit a été magique en un sens : on essaie toujours d’être les plus près possibles de nos fans. Je vais toujours voir la scène avant et les barricades devant et j’essaie toujours de faire que les barricades soient les plus proches possibles de la scène. J’essaie de mettre quelque chose devant le guitare-tech pour que je puisse passer devant et toucher les fans. J’adore quand les gens sont juste au pied de la scène, c’est ma scène préférée : le plus près c’est le mieux. Et quand c’est une grande foule et qu’elle est tout près, c’est juste parfait… Je déteste quand les barricades sont à 2 mètres de la scène, c’est si froid…

A : avez-vous eu Simone Simons sur toutes vos dates ?
TY : pas toutes, non. Peut-être 80% d’entre elles. Elle a eu à donner quelques shows avec Epica entre-temps. Elle a assuré le show à Paris, en Belgique, en Finlande, beaucoup de shows en Allemagne… C’est cool de pouvoir l’emmener avec nous pour qu’elle chante quelques chansons avec nous. Elle aime le groupe, c’est une bonne amie du claviériste (clin d’œil). C’est très sympa pour tout le monde.

A : comment faites-vous quand elle n’est pas là ? (rires) Vous ne jouez pas The Haunting ?
TY : si, si, on le joue quand même. On a Anna Katherine avec nous, d’Allemagne : elle a chanté The Hauting avec nous sur scène et c’était super. Bien sûr c’était différent parce que ce n’est pas elle qui chante sur le cd mais c’était vraiment bien quand même. On peut jouer The Haunting sans Simone mais c’est toujours plus sympa pour les fans de l’avoir comme guest.

A : et maintenant c’est toi qui chante la partie de Shagrath… (rires)
TY : oui… j’essaie… (rires)

A : quels sont vos objectifs maintenant ?
TY : pour l’instant on se concentre sur la tournée du nouvel album. On a quelques festivals qui arrivent, on parle de revenir en Hollande et en France en octobre, après on ira au Japon… Au printemps 2008 on refera une tournée entière de nouveau, ce sera beaucoup de travail et beaucoup de bons souvenirs en perspective.


A : vous ferez une nouvelle tournée dédiée au nouvel album donc…
TY : oui, on jouera plus de chansons de Ghost Opera , d’autres qu’on n’a pas jouées cette fois. Ce sera une scène un peu différente… En Hollande on est passés 3 fois pour The Black Halo et chaque fois il y avait plus de monde. La dernière fois on a fait un show complet….


A : avez-vous pensé à monter sur scène avec un orchestre ?
TY : oui, mais ça a déjà été fait par d’autres groupes alors bon… oui ça pourrait être intéressant à tester dans le futur… mais ça prend beaucoup de temps et d’énergie pour faire fonctionner ça correctement : ce n’est pas facile à mettre en place… et tout ce qu’on fait on veut le faire le plus correctement possible alors…

A : avez-vous d’autres invités déjà prévus pour le prochain album ? Des musiciens avec qui vous voudriez travailler ?
TY : non, pas vraiment. Je me contente du groupe pour l’instant : je suis bien avec eux, on a un bon chanteur… C’est plus une question de ce que les invités peuvent apporter à la chanson, ce n’est pas tant l’intérêt des invités eux-même, c’est leur manière de chanter, ce qu’ils apportent à leur personnage.

A : quand vous avez commencé à écrire Ghost Opera, avez-vous eu peur de la réaction du public après The Black Halo quia été votre plus gros succès jusqu’à maintenant ?
TY : pour chaque cd on a la même pression en réalité : depuis The Fourth Legacy on a été toujours été un peu plus loin. Vous ne pouvez pas vous inquiéter de ça en fait, vous devez seulement faire le meilleur boulot que vous pouvez, c’est tout ce que vous pouvez vous demander… Faire du mieux que vous pouvez c’est votre meilleure défense.

A : comment avance le livre The Seventh Book Of Shadows ? Avez-vous des nouvelles ?
TY : je n’ai plus de nouvelles de l’auteur. Je sais que le livre est sorti et que certains personnages sont basés sur les membres de Kamelot mais on ne m’a pas envoyé de copie : c’est tout en Allemand de toute façon… Je dois attendre que le livre soit traduit. On voulait faire de la publicité combinée autour du livre et de nous mais l’éditeur n’était pas intéressé et du coup on a laissé tomber…

A : merci beaucoup Thomas !
TY : merci beaucoup (en français, ndlr), à la prochaine fois !


Site officiel : www.kamelot.com.