Kamelot (Thomas Youngblood) le 19 Mars 2005 - Paris


C'est à l'occasion de la sortie de leur 8ème album que nous rencontrons pour la première fois Kamelot. On en etait resté à l'album Epica plutôt speed et voici qu'il nous envoie une petite bombe heavy ! Les explications par Thomas Youngblood le guitariste du groupe !


Aedonia : Que vouliez-vous faire avec ce nouvel album ?
Thomas Youngblood : Pour cet album nous voulions quelque chose d’un peu plus Heavy, contrairement à Epica par exemple, avec des mélodies plus mélancoliques, plus tristes, un son plus agressif, plus crunchy sur les guitares, une batterie plus puissante. Nous voulions avoir tous ces nouveaux aspects tout en gardant le style Kamelot avec de la double pédale, des morceaux avec des influences exotiques. En gros c’est une façon de grandir, d’évoluer, tout en restant fidèle à soi-même.

A : Sur quelle histoire se base l’album ?
TY : En fait c’est la seconde partie du concept commencé avec l’album Epica, qui sont tous les deux inspirés de Faust écrit par l’écrivain allemand Goethe. C’est une sorte de conte avec le diable et une personne qui vend son âme au diable, pour qu'il lui donne ce qu’il exige comme son argent, son amour, une guitare magnifique … (rires) Notre histoire suit ce type de concept avec un homme qui vend son âme au diable pour pouvoir jouer du blues à la guitare comme personne. Sur The Black Halo, notre personnage principal devient fou et la majorité de l’histoire se passe dans sa tête. Nous avons essayé de rendre cette histoire intéressante à l’aide des paroles et des interludes sur l’album. En fait c’est une tragédie romantique car à la fin de l’histoire le héros meurt après avoir eu le cœur brisé pour avoir toujours repoussé l’amour de sa vie. La fin de l’album est quand même assez joyeuse car ça se termine de façon positive.

A : Sur le 14ème titre il se passe quelque chose de bizarre au début du morceau ; j’ai cru que mon lecteur CD en avait un coup …
TY : En fait sur ce titre le personnage principal meurt, donc l’idée était que l’album repasse en arrière jusqu’au début de l’album Epica. Et il y a ces interludes qui symbolisent la mort du personnage et en même temps sa renaissance.

A : Qu’est ce qui t’a le plus influencé pendant l’écriture de l’album ?
TY : En fait quand tu écris un concept album tu es influencé par d’autres concepts comme en ont fait Pink Floyd avec The Wall, ou QueenRyche avec Mindcrime, ce genre de classiques .

A : Comment procèdes-tu pour l’écriture de la musique ?
TY : Eh bien des fois tu as des idées qui te viennent comme ça, tu ne sais pas vraiment d’où, des fois je suis allongé dans mon lit et une idée me traverse l’esprit donc j’ai toujours près de moi un petit enregistreur, comme ça j’attrape ma guitare et j’enregistre mon idée. D’autres fois nous apportons les idées sur le fil, ça peut partir d’un riff de guitare par exemple. J’écris toutes les parties batterie, j’utilise un clavier pour ça, et des fois les morceaux me viennent à partir d’une partie batterie.

A : Utilises-tu beaucoup les ordinateurs pour composer ?
TY : Oui beaucoup. La plupart des idées me viennent sur ma guitare acoustique, mais quand je commence a construire un morceau, j’utilise Cubase ou Pro Tools. Ca me permet de mettre au point les tempos, d’arranger le morceau, puis d’y mettre des parties batteries et claviers. Cet outil m’a permis de m’améliorer en tant que compositeur, et me permet aussi d’envoyer les morceaux à Roy en Norvège pour qu’il puisse les travailler. C’est vraiment pratique pour travailler ensemble sur des morceaux tout en étant dans deux pays différents. On se voit 3 à 4 fois par an, donc la tournée qui va suivre va être vraiment sympa.

A : Ah d’accord, donc vous vivez tous dans des pays différents.
TY : Oui je vis en Floride.

A : Tu écris toujours la musique d’abord et Roy apporte les paroles ensuite ?
TY : Non en fait, nous travaillons sur la musique tous les deux, des fois il écrit les morceaux en entier, des fois c’est moi. Il arrive que j’aie des idées pour les paroles mais Roy écrit toutes les paroles. Souvent ce sont les paroles qui arrivent en dernier car le plus important ce sont les mélodies. Souvent on met au point les mélodies avant d’y mettre des mots et de se mettre d’accord sur le sujet que doit aborder le morceau.

A : Comment en êtes-vous venus à travailler avec Shagrath (Dimmu Borgir), Jens Johansson (Stratovarius) et Simone Simons (Epica) ?
TY : Cet album est un concept, donc nous avons différents personnages et nous voulions faire un genre de casting, comme pour un film. Pour le personnage de Mephisto, le diable, nous n’avions pas vraiment d’autre personne que Shagrath. En plus il habite à 10 minutes de chez Roy, donc il a été facile pour eux de se voir, de parler du morceau et de travailler ensemble. Il y a une sorte de duel guitare/clavier sur le second morceau de l’album et nous n’en avions jamais fait avant. Je voulais que ce soit Jens qui le fasse, et notre producteur était en contact avec lui donc je lui ai envoyé le morceau, il l’a aimé et donc nous avons travaillé ensemble. Nous avons un titre sur l’album : The Haunting avec une partie pour une voix féminine. Simone était en studio en même temps que nous chez Sasha (Paeth) alors comme ils ont demandé à Roy de chanter sur un de leurs titres nous avons demandé à Simone de chanter pour nous.

A : Comment avez-vous enregistré leurs parties ?
TY : Eh bien pour Simone c’était facile puisqu’on était dans le même studio. Nous avons utilisé un studio à Oslo pour les parties de Shagrath, et Jens a utilisé son propre Home studio. Il nous a ensuite envoyé le fichier Wav que nous avons intégré dans notre morceau. Notre batteur a son propre studio à Tempa et il a enregistré lui-même toutes les parties batteries. Il a vraiment fait un super boulot quand on écoute son son de batterie.

A : Y a-t-il d’autres musiciens avec lesquels tu voudrais travailler ?
TY : Pas pour le moment, il n’y a personne qui me vient à l’idée. Nous avons toujours des invités sur nos albums et ça fait partie du son Kamelot, de notre façon de travailler.

A : Quels amplis/guitares as-tu utilisés pour l’enregistrement ?
TY : J’ai utilisé mon ESP Horizon II pour certains morceaux. J’ai un deal avec ESP au Japon, ils m’ont envoyé cette guitare qui m’a beaucoup plu. Mais la quasi-totalité de l’album a été enregistrée avec une vieille Gibson Victory. Ils n’en fabriquent plus pour le moment, je crois qu’ils en ont refait il y a quelques années, et c’est une guitare avec un gros son bien lourd. Nous avons en plus utilisé des cordes .60, ce qui a été difficile car d’habitude je joue avec des .46. La guitare était accordée en Mib donc il fallait ce type de cordes pour avoir le son que je voulais. Nous avons utilisé un Mesa Boogie Rectifier côté amplis, et une pédale de distortion allemande dont je ne me souviens plus du nom. Nous avons utilisé deux micros pour reprendre la baffle.

A : Tu as utilisé un SM 57 et un autre type ?
TY : Je ne me souviens plus bien, je ne m’en occupe pas trop, je me branche et je joue, c’est tout.

A : Tu as quoi comme micros sur ton ESP ?
TY : Ce sont des Seymour Duncan.

A : Quel est ton meilleur souvenir de l’enregistrement ?
TY : Je crois que tous les guitaristes sont toujours à la recherche de leur son, c’est leur interminable quête, et je ne vais pas dire que j’ai trouvé mon son mais c’était la première fois que j’étais vraiment content de mon son pour la guitare rythmique. Quand j’ai entendu le son dans les retours, j’ai eu cette petite sensation de bonheur ! J’ai dit là je crois que ça va être excellent comme ça ! Sur les autres albums je trouvais le son trop léger.

A : Ton plus mauvais souvenir ?
TY : Voyons … Quand on part enregistrer comme ça trois mois en Allemagne, loin de la maison et de la famille, c’est dur. Je crois que le plus mauvais souvenir c’est d’avoir sa famille qui nous manque, de regretter son petit confort, son propre lit, des choses comme ça. Je ne me plains pas mais des fois c’est un peu moins marrant.

A : As-tu des rêves que tu voudrais réaliser même sans lien avec la musique ?
TY : Oui j’ai toujours rêvé de faire d’autres choses en dehors de la musique. J’avais lancé une entreprise qui fabriquait des vêtements de sport avec un ami avant de me lancer dans la musique. Je ne sais pas si c’est vraiment un rêve mais j’aimerais avoir ce côté business. Il y a deux je me suis rendu compte que mon rêve c’était d’aller au Japon et d’y jouer, et donc nous l’avons fait. Nous n’avons jamais joué en Amérique du Sud et c’est une chose que nous voudrions faire. J’aimerais aussi aller jouer en Chine.

A : J’ai lu que tu étais en train de travailler pour écrire un livre avec une personne en Allemagne. Ca pourrait faire partie de ces rêves d'écrire un livre ?
TY : J’ai reçu un jour un email d’un écrivain de Fantasy allemand, je crois qu’il a déjà écrit 10 livres et qu’il est assez célèbre en Allemagne, il me disait qu’il était un fan de Kamelot, qu’il écrivait un nouveau livre dont le titre était The Seventh Book of Shadows, j’ai eu l’idée à partir d’un de vos titres. J’ai cru avoir affaire à un gamin de dix ans au début mais j’ai fait quelques recherches, et je lui ai répondu. Nous allons collaborer pour écrire ce livre qui va inclure certains des membres du groupe, alors il m’a demandé les traits de caractère de chacun des membres du groupe, ce qu’ils aiment, leur tempérament. Nous en sommes au début pour le moment, nous travaillons sur quelques détails. Je crois que c’est une bonne voie pour promouvoir le groupe de croiser les gens qui aiment lire des livres de Fantasy, et de leur donner un livre qui parle de Kamelot, dont ils n’ont jamais entendu parler avant. Je pense que c’est bien de mélanger les genres, comme faire appel à un chanteur de Black comme Shagrath, c’est bon pour tout le monde.

A : Veux tu ajouter quelque chose ?
TY : Non c’est bon : merci pour l’interview !

Site officiel : www.kamelot.com.