Evergrey (Tom Englund) le 8 Mars 2006 - Paris


Fort de son succès avec ses trois derniers albums et toujours habité par l'envie de faire mieux les suédois d'Evergrey se sont offerts le plaisir de travailler pour la première fois avec une grosse équipe de production ! On a profité de leur tournée de promo alternant concerts et interviews pour qu'ils nous parlent de leur nouvel album Monday Morning Apocalypse ...


Aedonia : Quel était votre objectif pour ce nouvel album ?
Tom Englund : Eh bien, le même objectif que pour les autres albums, c’est à dire faire un bon album, faire les meilleurs morceaux possibles, c’est ce qu’on essaie de faire depuis le premier jour et c’est ce qu’on fera jusqu’à ce qu’on soit morts.

A : Est-ce qu’il y a un concept derrière cet album ?
TE : Non il n’y a pas du tout de concept pour cet album. On voulait juste faire un album qui soit plus efficace en live. On ne fait pas de plan pour nos albums, on les fait comme ils viennent. La seule idée différente pour cet album était de faire venir un producteur de l’extérieur, qui nous a été d’une grande aide. Il est allé chercher des choses en nous qu’on ne savait pas qu’elles existaient. Ses connaissances en écriture nous ont aussi pas mal aidé, il fait ceci depuis 25 ans et nous depuis 10 ans donc on avait des choses à apprendre.

A : Il a changé beaucoup de choses par rapport à vos morceaux initiaux ?
TE : Non rien du tout. La musique et les paroles sont les nôtres. Nous avons enregistré ces morceaux avec lui et il a de temps en temps supprimé certaines parties, ou ajouté d’autres. Il ne touchera pas de droits sur nos morceaux (rires).

A : Sur quoi portent les textes de cet album ?
TE : Sur tout, depuis les accidents de voiture jusqu’aux meurtres, le suicide, les différentes tragédies de la vie je dirais, comme toujours dans nos albums. J’essaie toujours d’écrire sur des sujets qui me touchent et que j’aime traiter, souvent que j’ai besoin de sortir de moi.

A : J’ai été surpris de trouver le titre Til Dagmar, un instrumental ?
TE : En fait Dagmar est un nom, et Til veut dire pour, C’est un morceau que Rick a enregistré pour sa grand-mère qui est décédé il n’y a pas longtemps. Nous l’avons enregistré car c’était une des plus belles choses que nous avions entendues au piano.

A : Il y a moins de claviers sur cet album ?
TE : Oui, mais il joue beaucoup de choses qu’on n’entend pas forcement, mais c’est là et si tu le retires tu le sens. Il y a beaucoup de basses, de motifs rythmiques.

A : Avez-vous ajouté des samples pour donner une ambiance à certains morceaux ?
TE : Le producteur a ajouté pas mal de bruits bizarres, je ne peux pas vraiment dire quoi mais c’est là.

A : Pourquoi avez-vous choisi cet artwork ?
TE : Parce que je savais que tu me poserais la question. Tout le monde me pose la question. Nous voulions faire quelque chose de totalement différent, nous ne voulions pas de donjons, de dragons, d’épées et tout ce délire … Chaque jour il y a 5 albums de heavy metal qui sort, et si parmi tous ces albums tu mets quelque chose de différent eh bien les gens se demandent mais c’est quoi ce truc ? Et le tour est joué … Nous avons sorti 6 albums jusqu’ici et personne nous a jamais parlé du artwork mais maintenant tout le monde demande alors j’imagine que c’est un bon artwork.

A : La première chose qui m’a frappé c’est le son de l’album, comment l’avez vous travaillé ?
TE : Nous avons laissé le producteur s’en charger. C’est pour ça qu’on l’avait engagé, et on l’avait choisi car on savait qu’il était capable de faire ce type de son. Il s’est occupé de Rammstein, Def Leppard, Bon Jovi, Britney Spears, ce genre de truc, des trucs heavy à la Britney Spears (rires) … C’était pour nous une grande opportunité de travailler avec une si bonne équipe de producteurs. Nous en sommes très contents.

A : Qu’as tu utilisé comme amplis et guitares pour cet album ?
TE : Le même matériel que nous utilisons depuis 3,4 albums maintenant : le Peavey 5150, mélange avec un Pod Line 6, pour les solos des Marshall JCM 900 aussi mélangé avec un Pod.

A : Toujours avec les guitares Caparison ?
TE : Oui toujours.

A : Vous pensez sortir des modèles signatures un jour ?
TE : Nous avons 5 modèles signature chacun.

A : Pourtant on ne les voie pas sur le site de Caparison ?
TE : En fait ils en vendent seulement au Japon et ils en font une très petite quantité. Mais nous sommes contents, nous avons ce que nous voulons.

A : As-tu déjà pensé à faire un modèle signature pour un ampli ?
TE : Je ne suis pas intéressé par ça. Hendrick aimerait peut être mais pas moi.

A : Tu utilises des tirants spéciaux pour tes guitares, car vous êtes accordés très bas je crois ?
TE : Nous avons 5 accordages différents, et les cordes sont des 9 – 42 pour l’accordage en La, nous avons un accordage très étrange CGCFAD, et d’autres accordages stupides dont je n’arrive pas à me rappeler, un Drop D, un Drop C. Pour les morceaux acoustiques nous avons pleins d’accordages dont je ne sais même pas ce que c’est.

A : Comment choisis-tu tes accordages ?
TE : En fait quand j’ai une idée et que je n’arrive pas à attraper une note, je change l’accordage pour que ce soit plus facile. C’est pour ça qu’on finit avec des accordages étranges …

A : Comment composes-tu ? Où trouves tu tes idées ?
TE : Dans ma tête … (rires) … En fait je ne sais pas. C’est très étrange : certains jours tu peux rester assis pendant 8 heures et pas écrire une seule note, et d’autres jours tu peux écrire deux morceaux. Je m’assois juste devant l’ordinateur et je commence à enregistrer les claviers, la batterie et j’essaie de mettre ensemble pleins de petits bouts. On enregistre tout ce qui vient et après on essaie de coller les petits bouts, ceux qui vont le mieux ensemble.

A : Vous travaillez ensemble pour la composition ou chacun de votre côté ?
TE : Pour cet album j’ai écrit les deux premiers morceaux moi même cet été, puis Jonas et Henrick sont venus et ont travaillé sur quelques idées. Nous avons fait quelques morceaux ensemble, j’en ai fait d’autres seul, Henrick aussi a fait des morceaux lui-même, et Jonas a fait un morceau entier. Nous travaillons le plus possible ensemble.

A : As-tu été inspiré par d’autres groupes pour cet album ?
TE : Non, plus maintenant. Bien sûr nous écoutons les grands groupes comme Iron Maiden, Queensryche, Kiss mais aujourd’hui nous ne sommes pas influencés par les nouveaux groupes, nous avons trop de musique dans nos têtes.

A : Tu n’as pas de groupes qui ont retenus ton attention parmi les nouveaux ?
TE : Nous recevons des CDs de temps en temps, je sais qu’Henrik écoute beaucoup Killswitch Engage, j’aime beaucoup le dernier In Flames, et nous écoutons aussi d’autres styles comme Sting, Pink Floyd, Norah Jones … Nous aimons la bonne musique, quelle qu’elle soit.

A : Il y a pas mal de groupes qui viennent de Suède, penses-tu qu’il est plus facile de faire de la musique là-bas plutôt qu’en France par exemple ?
TE : Je ne pense pas qu’on ait plus de chance que les autres, seulement les suédois sont souvent très déterminés dans ce qu’ils veulent faire.

A : Peut-on dire que votre album a le fameux son de Goteborg ?
TE : Non, le son Goteborg c’est plus In Flames, c’est une scène différente, un studio particulier. En fait nous avons mixé l’album Recreation Day dans ce studio.

A : Combien de pistes guitares il y a sur l’album ?
TE : 4.

A : Avec des sons différents ?
TE : Non le même son, juste un doublage.

A : Avez-vous le projet un jour d’enregistrer avec un orchestre ?
TE : Non, le son de nos albums est assez gros pour ce qu’on a besoin et il n’y pas tant de parties orchestrales que ça.

A : Avec quels autres artistes aimerais-tu jouer ?
TE : Ce serait cool d’écrire un album avec David Gilmour de Pink Floyd, mais sinon j’ai tellement d’autres choses à faire …

A : Arjen Lucassen ?
TE : Il m’a contacté pour chanter sur son prochain album, on verra si j’ai le temps et si la musique est assez bonne.

A : Et un groupe pour une tournée ?
TE : Non.

A : Vous avez prévu beaucoup de concerts pour cet album ?
TE : Nous faisons en ce moment une tournée de promo, puis nous tournons avec In Flames aux US, une quinzaine de festivals en Europe, puis une tournée européenne cet automne. Nous sommes en train de prévoir 5 ou 6 dates en France.

A : Avez-vous prévu un autre DVD ?
TE : Non. On en fera un autre peut être un jour. Mais le dernier est trop récent.

A : Ca t’a plu de l’enregistrer ?
TE : Oui beaucoup. C’est un bon résumé des 8 – 9 ans d’ Evergrey, une référence pour nous avec nos meilleurs titres.

A : Ce n’est pas trop dur aujourd’hui de faire une set list pour un concert ?
TE : Si, surtout quand c’est en première partie et qu’on a que 40 minutes. Mais c’est comme ça ! Donc on essaie de jouer les meilleurs morceaux et ceux qu’on aime le plus.

A : Comment ça se passe pour le partage des solos avec Henrik ?
TE : C’est du genre tu peux faire ça, je n’aime pas cette progression d’accords. Ca dépend des morceaux et habituellement nous jouons les solos des morceaux que nous écrivons. Souvent Henrik joue d’abord et moi ensuite. C’est un retour aux vieux Iron Maiden en quelque sorte.

A : Lequel de vous deux signe le plus de titres ?
TE : C’est 70% moi.

A : Tu donnes des cours de guitare en Suède ?
TE : Je l’ai fait pendant quelques mois, mais je n’avais pas assez de temps pour ça. En ce n’est pas quelque chose que j’aime faire.

A : Et les autres membres du groupe ?
TE : Henrik donne des cours de temps en temps, et Jonas donne des cours au fils d’Henrik, et je pense que ce sera un bon batteur quand il sera plus grand.

A : As-tu des rêves que tu voudrais réaliser même si c’est en dehors de la musique ?
TE : Non. Je n’ai pas le temps pour autre chose. Je fais aujourd’hui ce dont je rêvais quand j’étais petit. J’ai déjà réalisé mes rêves, maintenant il s’agit s’amener ces rêves à un autre niveau, vendre plus d’albums, jouer dans plus de pays, rencontrer plus de monde, faire de meilleurs morceaux Ce sont mes rêves aujourd’hui.

Site officiel : www.evergrey.net.