Ayreon (Arjen Lucassen) le 30 Novembre 2007 - Paris


Quelques années après The Human Equation réunissant notamment James Labrie et Devin Townsend, voici le nouvel opus d'Ayreon avec rien de moins que Daniel Gildenlow (Pain of Salvation), Jorn Lande, Anneke von Giesbergen (ex The Gathering), Tom Englund (Evergrey), Simone Simons (Epica) ... Une distribution hors pair servie par une musique hors norme qui nous plonge cette fois-ci dans l'existence des Foreverians, race Alien à l'origine des rêves du ménestrel Ayreon ...


Aedonia : Comment se fait-il que tu sois sorti de L'Electric Castle, il est si rare de pouvoir te rencontrer ?
Arjen Lucassen : (rires) ... J'ai jamais fait de tournée promo comme je fais en ce moment, c'est étrange, c'est différent aussi de d'habitude, je pense que l'album est vraiment très bon alors je voudrais que le maximum de gens l'entendent ! Mais tu as raison, c'est très difficile de me sortir de l'Electric Castle !

A : Qu'est ce qui t'a inspiré ce nouvel album ?
AL : C'était le bon moment pour un album d'Ayreon, j'ai travaillé sur The Human Equation et après deux albums pour Stream Of Passion ... A l'origine j'étais parti pour écrire un album solo, j'ai toujours voulu faire un album solo avec une ambiance très calme, proche de Pink floyd, mais je n'y arrive pas. J'ai déjà essayé 4 fois et ça finit toujours par, ce chanteur devrait avoir une partie à ce moment, il devrait y avoir des guitares heavy maintenant, et ensuite une partie orchestrale, et avant que je m'en rende compte ça devient un album d'Ayreon. Je n'avais pas prévu de faire un album d'Ayreon, mais d'un coup tu sens que l'album grandit, que tu as de plus en plus de morceaux qui vont dans ce sens, de plus en plus d'idées de chanteurs pour participer à l'album... Souvent je ne planifie rien de spécial, j'attends que ça vienne, et ensuite je vais là où ça me mène. Je pense que c'est la meilleure manière de faire, la plus naturelle en tout cas.

A : Tu as donc fait appel aux chanteurs une fois la musique terminée ?
AL : Oui en fait je commence par écrire la musique, je compose avec ma guitare et j'y ajoute tous les autres instruments. Ensuite j'écoute les parties instrumentales et j'imagine quelle histoire ces parties pourraient raconter, quelles images elles m'évoquent, ce qu'elles m'inspirent, et ainsi j'obtiens une première version basique pour l'histoire, et après je recherche des chanteurs. Quand j'ai les chanteurs, j'écris les paroles et les mélodies en fonction d'eux. Je ne commence par écrire l'histoire puis choisir les chanteurs, ça me donne plus de liberté pour m'adapter aux chanteurs.

A : Est-ce que quelques fois, au moment ou tu écris la musique, tu te dis que tel chanteur devrait absolument chanter à ce moment ?
AL : Oui bien sûr, c'est en fait la base d'Ayreon. Je désire travailler avec beaucoup de chanteurs, mais je ne peux pas les avoir tous. Ca devient de plus en plus facile, car Ayreon devient de plus en plus connu et réalise de plus en plus de ventes, mais ça reste très difficile d'obtenir la participation de certaines personnes. Mais de temps en temps oui il m'arrive de dire, zut il ou elle serait parfaite sur cette partie. Ca se passe différemment en fonction des chanteurs, certains prennent contact avec moi, d'autres fois je les découvre par moi-même, ou on vient m'en parler, c'est différent à chaque fois.

A : Ca a beaucoup évolué depuis les débuts d'Ayreon ?
AL : Oui c'est devenu plus facile ! Maintenant, des chanteurs très connus prennent contact avec moi, comme ça s'est passé avec James Labrie ou il m'a écrit "J'adore la musique d'Ayreon et j'aimerais participer à un album." Et j'ai répondu "Oui bien sûr, sans problèmes !" (rires)."

A : Ah c'est lui qui avait pris contact avec toi ?
AL : En fait, ça s'est fait par l'intermédiaire d'une interview dans un fanzine. Il a dit qu'il adorait la musique et qu'il aimerait participer à un album. Alors je lui ai envoyé un email, lui disant que j'avais un projet en cours s'il voulait y participer et il a répondu d'accord je le fais. Exactement il a dit "Je chanterai autant que tu le demandes."

A : D'autres chanteurs t'ont contacté de la même manière sur ce nouvel album ?
AL : Les chanteurs les moins connus et qui participent à Y m'ont envoyé des démos. Tom Englund d'Evergrey m'avait envoyé un mail il y a quelques années pour me demander si je voulais produire un de leurs albums, mais j'ai répondu que je ne produisais pas d'autres groupes. Il m'a quand même envoyé des albums d'Evergrey, que j'ai beaucoup aimés, et alors je lui ai demandé s'il voulait être sur un de mes albums un jour. Sinon pour les chanteurs les plus connus c'est moi qui ai pris contact avec eux cette fois.


A : Nous avions fait une interview de Tom pour l'album Monday Morning Apocalypse, et lui avions demandé si ça lui plairait de participer à un de tes albums, et il a répondu oui si la musique me plait, pourquoi pas...
AL : Oui Tom a demandé à entendre des démos, et il m'a répondu "Comme d'habitude c'est génial" mais vous connaissez Tom ... (rires) Il joue les mecs cool et tout mais c'est un vrai ours en peluche. Pendant l'enregistrement il jouait les durs, alors je me suis moqué un peu de lui, mais je me suis bien amusé avec lui, je m'entends bien avec lui.


A : Est-ce que certains des chanteurs arrivent mieux que d'autres à entrer dans l'univers d'Ayreon ?
AL : Je pense que c'est important qu'ils viennent chez moi et qu'on travaille ensemble. Car si jamais une ligne de chant ne correspond pas bien, je préfère le savoir. J'aime bien aussi que les chanteurs me fassent part de leurs propres idées. C'est toujours un moment magique quand un chanteur arrive dans mon studio, car ils savent que si je leur ai demandé de venir c'est que je suis fan d'eux, alors ils aiment souvent montrer de quoi ils sont capables, ils s'investissent beaucoup. Et s'ils n'arrivent pas à faire quelque chose, on réfléchit et ils essaient autrement, et c'est là que ça devient magique. C'est pour ça que j'essaie toujours de faire venir les chanteurs, et que j'essaie d'éviter d'être réduit à des échanges de fichiers sur internet. C'est même devenu en fait une de mes meilleures qualités : je sais comment un chanteur peut s'approprier une partie, quelles mélodies il peut chanter, quelles harmonies il peut utiliser, et souvent les chanteurs sont surpris de pouvoir le faire, ils ne s'en sentaient pas capables avant. Par exemple Steve Lee de Gothard, il chante style rock n roll dans son groupe, et je lui ai fait faire des harmonies, alors qu'il n'en avait jamais fait. Du coup à la fin, il était &agréablement surpris du résultat ! Ayreon a souvent la réputation de faire sonner les chanteurs différemment de leurs propres groupes et j'aime ça, alors j'essaie toujours d'expérimenter avec les chanteurs. Tom m'a dit la même chose, qu'il sonnait différemment.

A : Est-ce qu'un chanteur t'a plus impressionné que les autres durant l'enregistrement ?
AL : Il y a certains chanteurs que tu sais très très bon, comme Jorn Lande, c'est une des plus belles voix au monde, alors tu t'y attends, mais quand même, quand le chanteur est dans ton studio, que tu entends sa voix juste à côté, tu restes très impressionné. Mais ça le fait pour tous les chanteurs, je leur ai demandé de participer car je pense qu'ils sont tous géniaux à leur manière, et qu'ils sont tous impressionnants dans leur registre. Ils n'ont pas tous besoin de prouver qu'ils peuvent chanter une note extrêmement haute ou une grosse technique de chant pour être impressionnant mais juste être eux-mêmes, comme par exemple Jonas Renske de Katatonia. Il m'a très impressionné par la chaleur de sa voix, par sa façon de chanter. Si je ne suis pas impressionné, c'est que ça ne le fait pas, et dans ce cas je n'utilise pas les enregistrements. Ca m'est déjà arrivé par le passé, mais pas sur cet album.

A : Pourquoi as-tu choisi de mettre le titre en binaire ?
AL : D'abord l'album devait s'appeler The Sixth Extinction, mais ce n'est pas trop facile à prononcer...

A : Euh c'est pas plus facile de dire 01010...
AL : (rires) oui je sais ... Il suffit de dire je veux le dernier album d'Ayreon ... (rires) En fait je recherchais quelque chose d'universel. C'est à propose d'une race extra-terrestre, de la race humaine, de la façon dont ils communiquent, et je me suis dit que d'utiliser le binaire était le plus approprié, 0 1 c'est comme Yes No, On Off, c'est universel contrairement à une langue. Quand Anneke est venue au studio, elle chantait des trucs du style January, February, March, April ... Et je me suis demandé ce que je pourrais faire avec ça ... Et là je me suis dit Zero One One Zero serait parfait. On en a parlé sur le forum sur internet et les gens ont répondu qu'il fallait être fou pour choisir un titre comme ça, chanter du binaire sur un album, comment tu as fait pour en arriver la, la moitié des personnes écrivaient c'est fou de faire ça, les autres c'est génial ! Comment ça va se passer quand on va arriver dans un magasin pour demander de l'album ... Mais avant que tout le monde s'en rende compte il y avait déjà 10 pages sur le topic, et un fan a écrit, certains aiment, certains détestent, mais on en a écrit 10 pages alors au moins le titre fait parler de l'album ! Je m'imagine pas que même avec un titre comme celui là ils ne puissent pas trouver l'album. Le titre est le code binaire pour la lettre Y qui est la planète sur laquelle vit la race des Forever. J'ai parlé la première fois de cette planète sur Into The Electric Castle, ensuite sur Universal Migrator. Le nom a un double sens avec Why, why are we here ... Il y a un certain nombre de sens possibles avec ce nom.

A : Qu'est ce qui t'as fait choisir de révéler toute l'histoire des Foreverians sur cet album ?
AL : En fait c'est le but principal de cet album. Sur Into The Electric Castle, l'histoire est assez simple, assez plate, un alien qui met des humains ensemble et fait des expériences sur les émotions, mais l'histoire n'explique pas pourquoi il a perdu ses sentiments, ce qu'il s'est passé sur cette planète. Je voulais expliquer tout ça, et c'est très difficile d'écrire une histoire complète à propos d'une autre planète. Je me suis demandé à quoi peut-elle ressembler ? Peut être c'est une planète recouverte d'eau, peut être qu'ils ont construit pleins de machines pour pouvoir vivre sous l'eau, qu'ils sont devenus dépendants de toute cette technologie, qu'ils ont trouvé un moyen de vivre éternellement... Mais quel est l'intérêt d'être éternel si on n'a plus d'émotions ? Il n'y a plus de danger, plus de raison de se lever le matin... C'est une sorte de parallèle avec ce que je pense qu'il arrive à notre monde aujourd'hui sur terre, les gens deviennent très dépendant de la technologie, ça fait presque peur en fait, car tout le monde perd du plaisir car tout devient très facile, très rapide. Je voulais faire un parallèle entre leur destin et le nôtre, et je suis maintenant content de pouvoir expliquer pourquoi les Forverer ont perdu leurs émotions, et pourquoi ils utilisent ce nom collectif pour leur race. En fait ils ne font qu'on, et se remettent tout le temps en question. Ils envoient leur ADN sur terre par l'intermédiaire d'un météorite mais ce météorite détruit les dinosaures. Donc ils se demandent continuellement s'ils ont le droit de tuer ces animaux, s'ils ont le droit de jouer les dieux en créant une nouvelle race.

A : Cette idée de l'extinction de l'espèce humaine est commune à Daniel Gildenlow. Le connaissais-tu avant de lui proposer de venir chanter sur l'album ?
AL : Non, en fait j'ai eu pleins de mails de fans, qui mentionnaient les chanteurs qu'ils désiraient voir chanter pour Ayreon et les chanteurs les plus demandés sont Daniel Gildenlow et Hansi Kursch. Ce sont toujours les deux plus demandés, viennent ensuite Tom Englund, Jorn Lande, Roy Khan. Alors j'ai écouté des albums de Pain of Salvation, et c'est vrai que c'est près de ce que je fais, même s'il ne parle pas de science fiction. L'idée de la fin de la terre était déjà un thème lors du premier Ayreon, quand j'ai décidé que les humains périraient en 2084, bien que je pense que ça n'arrivera pas car c'est trop tôt...

A : Oui j'espère...
AL : Oui moi aussi (rires) ... Mais c'est une chose que j'ai décidée sur mon premier Ayreon, donc je ne peux pas revenir dessus. C'est pour ça que j'ai choisi d'expliquer comment c'est arrivé. Mais je ne connaissais pas Pain of Salvation à ce moment, et j'ai découvert ces paroles très profondes, une musique excellente. Du coup, en allant le rencontrer je m'attendais à une personne toute aussi profonde, mais en fait c'est un grand blagueur ! Il prend beaucoup de plaisir, il est complètement barré, et je me suis demandé si c'était la même personne ? (rires)... On a pris beaucoup de plaisir ensemble, vous verrez sur le DVD, sur l'édition spéciale, je l'interview à mon propos, normalement mon manager interview tous les musiciens qui participent au projet mais elle n'était pas là, donc je l'ai fait moi-même, et je lui ai posé pleins de questions stupides, et vous allez rire, c'est sûr ! C'est impossible de rester sérieux avec lui ! Et même quand il chante des textes très sérieux, il n'arrête pas de faire le pitre. Il y a aussi un bêtisier sur le DVD, ou j'ai mis une partie de tout ce qui était raté, et au moins 20% c'est Daniel ! Mais c'est un grand musicien, un grand chanteur.

A : C'est plus difficile aujourd'hui d'ajouter un chapitre à Ayreon ?
AL : Oui, j'ai tué tous les humains (rires) ...

A : Tu penses que ça pourrait être aussi la fin d'Ayreon ?
AL : Oh non, c'est mon bébé ! Je peux tout mettre dans Ayreon, et je ne saurais pas quoi faire si je devais l'arrêter. Il faut que je trouve un moyen de ressusciter les humains, ou continuer la vie sur la planète Y. Je n'ai pas encore d'idées, mais toutes les histoires d'Ayreon voyagent dans le temps, donc je peux aller dans les deux sens et m'intéresser à une autre période de l'histoire. Donc oui ça devient plus dur, mais la bonne chose, c'est que quand on donnait quelques bouts d'information sur le Net, quand les gens avaient la possibilité de deviner les chanteurs, ils pouvaient aussi deviner l'histoire et ça m'a donné beaucoup de bonnes idées ! (rires) ... Et ils m'en restent quelques-unes unes !

A : Il y a quelque chose de très étrange sur le titre The Sixth Extinction : au milieu du morceau il y a Jonas Renske qui chante en mineur, avec une musique majeure, le résultat est très étrange ... Où vas-tu chercher ces idées ?
AL : C'est Jonas en fait qui a fait cette mélodie ! J'étais bloqué, et il m'a dit je sais que c'est étrange, mais écoute le plusieurs fois avant de décider si tu le gardes ou si tu le jettes ... Je l'ai écouté plusieurs fois et au final j'ai trouvé ça très brillant ... Il y a ces machines en arrière plan, un accord majeur qui plane sur un thème mineur, et Jonas chante en mineur ... J'ai du m'y faire au départ mais maintenant je trouve ça très logique !

A : Tu ne l'avais pas prévu au départ ?
AL : Non, pas du tout, c'est pour ça que j'ai laissé Jonas écrire ses mélodies car je savais qu'il ferait un meilleur travail que moi.

A : C'était une blague au départ de faire séduire Simone Simons par Xavier Phideaux, car ils utilisent leurs propres noms ?
AL : Non en fait, j'avais mes 10 aliens et mes 7 humains et je recherchais à leur donner des noms. D'abord j'ai cherché pour les aliens, j'aurais pu les appeler Ziltoïd (projet de Devin Townsend) ou autre mais au final ils ont un nom commun mais par contre je leur ai demandé de choisir un symbole pour les représenter, Steve Lee a choisi Yin Yang, Jorn Lande un corbeau, Anneke un cœur, Daniel le signe registered trademark (rires), je lui ai dit, hmmm c'est pas tellement un symbole, mais il a répondu, non mais je veux celui là. Ensuite j'en suis venu aux humains et je me suis dit pourquoi ils ne joueraient pas eux-mêmes ! Au final les humains jouent eux-mêmes, ce qui ne veut pas dire que ce sont leurs propres personnages, mais juste leur nom. J'ai leur ai demandé s'ils étaient d'accord, j'ai demandé à Simone si ça l'embêtait qu'il l'appelle Simone, mais elle a répondu, non non j'aime bien comme ça ! Mais bien sûr ce n'est pas en vrai que Xavier et Simone se draguent sur le net pour trouver leur moitié, elle n'a pas besoin ! (rires) ... Je joue moi-même sur le morceau The truth is out there, et c'est un peu la blague de l'album car dans la première partie je suis Ayreon, car avec le Dream Sequencer je retourne en arrière dans le temps pour revivre mes anciennes incarnations, j'ai été le petit garçon qui a vu la navette atterrir sur Mars, ce qui est vrai, ensuite je suis dans un hôpital psychiatrique où j'ai toutes ces visions à propos d'Ayreon, que j'étais une sorte de Hippie dans l'Electric Castle, que ce sont des aliens qui ont créé notre race, et les gens me disent, oui oui bien sûr prends tes pilules et reste calme. Il y a toujours une chanson qui n'est pas aussi sérieuse que les autres sur les albums d'Ayreon.


A : Le fait que l'humain provienne de l'ADN extra-terrestre, c'est quelque chose que tu crois personnellement ?
AL : Oui pourquoi pas, ça pourrait bien être le cas que notre ADN vienne en fait d'une autre planète. Je suis très intéressé par les théories de l'évolution, par comment l'univers s'est créé. J'ai repris ces théories en donnant l'explication du météorite, pour donner le chaînon manquant. Mais je ne crois pas personnellement ça, je donne juste quelques options. C'est la même chose avec toutes les critiques que je fais par rapport à la technologie, le fait qu'on devienne dépendant de la technologie, c'est plus un fait, je ne veux pas donner mon opinion personnelle, je déteste ça, je déteste dire aux gens ce qu'ils doivent faire, je donne juste des faits ou des options.


A : L'album sonne plus moderne que les autre, as-tu beaucoup travaillé le son de l'album avant l'enregistrement ?
AL : Je pense que le son est bien meilleur que sur The Human Equation, The Electric Castle est le plus organique de tous mes albums, mais c'est très ouvert, pas très heavy. Cette fois-ci je voulais faire un album très puissant, très transparent, et c'est très dur à réaliser. J'ai beaucoup de guitares, de sons de batterie, et le son reste très chaud. Sur The Human Equation, la production est un peu froide, je ne dis pas que je n'aime pas l'album, mais cette fois j'ai beaucoup travaillé le son de l'album, et plus particulièrement le son de la batterie. Ca sonne beaucoup plus chaud. Le son de la batterie est la base de tout, si la batterie sonne bien, alors toute la production va bien sonner. J'ai passé beaucoup de temps à faire le son de la batterie. Mais je n'étais pas parti pour faire un album qui sonnerait plus moderne au départ, mais je reste très à l'écoute de ce qui se fait.

A : Peut être plus d'effets sur les voix comme pour le groupe Air ...
AL : J'utilise beaucoup d'effets sur les voix sur tous les albums, et oui je connais ce groupe et j'ai utilisé le même genre d'effets avec un Vocoder. J'écoute aussi des grosses productions comme Rammstein, ça sonne si énorme, c'est tellement bien produit, c'est sûr que ça a beaucoup d'influence sur moi, surtout sur le début de l'album ...

A : Tu utilises une simulation d'ampli pour les guitares, utilises-tu aussi des simulations pour les parties claviers ?
AL : 90% des parties claviers sont analogiques, ce sont de vrais synthétiseurs, pas des plugs-ins. J'ai toutes les sortes de vieux clavier à la maison ! Si ces claviers étaient sous forme numérique, je les utiliserais, mais ils sonnent toujours mieux pour le moment. J'ai quand même acheté quelques synthétiseurs numériques comme le micro Korg que j'ai beaucoup utilisé cette fois-ci, il sonne vraiment très bien. Mais la même chose pour les guitares : j'ai un énorme stack Marshall, un Mesa boogie, et chaque fois je me dis, ce stupide petit haricot rouge de Line6 ne peut pas être meilleur, mais pourtant à chaque fois que j'enregistre, j'essaie avec les amplis et le POD, et le POD sonne mieux. En plus il ne fait pas de bruit, alors ...

A : Quels sont les meilleurs et plus mauvais moments de l'enregistrement qui te restent à l'esprit ?
AL : Le plus mauvais c'est attendre après les chanteurs pour qu'ils répondent. Par exemple, c'est très dur d'avoir Jorn Lande : j'ai attendu un mois avant d'avoir sa réponse, et je ne pouvais pas avancer sur les paroles sans avoir sa réponse. Et je me demandais, est ce que je dois lui envoyer un autre email, ou est ce que ça va le fâcher ... Ah je déteste ça : l'attente, le fait de savoir s'il serait là ou non ... Certains personnes m'ont dit non comme Steve Walsh de Kansas, ou alors je n'ai jamais reçu de réponse, comme avec Alice Cooper, ou même en essayant de passer par son management je n'ai pas réussit à le contacter ... Cette période est la plus désagrable ... La meilleure c'est quand le chanteur est finalement dans ton studio et que tu entends que ça fonctionne et que tu as fait le bon choix. Et les chanteurs le voient aussi, car je suis toujours dans la même pièce qu'eux ! Dans un vrai studio, il y a toujours une glace pour séparer les gens mais je pense que c'est bête, j'ai besoin de communiquer avec eux, de leur montrer que je suis à fond dedans ...

A : Tu prépares une tournée pour l'album ?
AL : Non ...

A : ou un single ?
AL : Je ne suis pas sûr que ça ait beaucoup de sens ... Ecoute ce qu'ils passent à la radio, ils ne vont jamais passer mes morceaux ... Si la maison de disque veut un single, ils peuvent essayer, mais ça coûte beaucoup d'argent à promouvoir, de l'argent qu'ils pourraient mettre ailleurs ... Mais il y aura un clip pour le morceau Beneath the Waves, un film en 3D réalisé par ordinateur qui est magnifique ... Il a réalisé la planète Y avec l'eau, ses machines ... Il sera aussi sur le DVD !

A : As-tu un rêve particulier que tu souhaites réaliser aujourd'hui ?
AL : Chaque nouvel album est un nouveau rêve, The human equation a eu un si gros succès, chaque nouvel album est un nouveau challenge, est ce que je peux tenter ça ou rester pareil, est ce que je peux faire quelque chose de totalement différent et est ce que les gens vont aimer. Est qu'ils ont aimé The Human Equation parce que c'était une histoire humaine, et pas de la science fiction ? Pourquoi n'aiment-ils pas Actual Fantasy ? Chaque album détient le rêve de toucher le plus de personnes possible, sans faire de compromis, car faire quelque chose spécialement pour que les gens aiment, ça ne marche pas, tu ne peux pas deviner ce qui va plaire à l'avance. Ce que je vais essayer de faire maintenant c'est un album solo mais je ne suis pas sûr, ça peut se transformer en n'importe quoi ... Et tellement de rêves sont devenus réalité pour moi ...

A : Peut être en dehors de la musique ?
AL : Non je ne fais pas grand chose en dehors de la musique. J'essaie juste de rester en bonne santé mais maintenant mon rêve est peut être de continuer à faire ça, le plus tard possible, et rester intéressé par la musique, car si je perds ça, c'est la fin d'Ayreon. Le jour où je m'occupe plus de musique, que je ne cherche plus de nouveaux groupes, c'est la fin ... Le fait que tu me dises que ça sonne plus moderne, c'est un compliment, car ça veut dire que je progresse et que je reste pas bloqué dans années 70. Ca veut dire que j'écoute toujours de la musique, que ça m'inspire toujours ... Et j'espère rester comme ça ...

A : Pour cet album il suffit juste d'entendre le premier titre Age of shadows, et on sait tout de suite que l'album est énorme par rapport à The Human Equation ...
AL : Oui, les titres des morceaux sont différents aussi ... Sur The Human Equation c'est Isolation, sur Y c'est Age of Shadows, c'est plus chantant, et tu l'as tout de suite dans la tête, tu le reconnais plus facilement. D'un autre côté c'est un album plus difficile à cause des paroles, et en même temps plus accessible car les titres correspondent aux refrains. Certains disent qu'ils aiment Isolation pour la chanson, mais ils identifient beaucoup plus le morceau Looser par exemple, vu que c'est aussi le refrain. C'est plus facile à se souvenir.

A : Tu as écouté beaucoup d'autres groupes pendant que tu écrivais l'album ?
AL : Oui beaucoup de musique, pleins de groupes dont vous n'avez jamais entendu parlé ... Dans le style prog métal, Porcupine Tree, que je n'arrête pas d'écouter et que je continue à aimer, Katatonia ...

A : Tu écoutes de toutes les sortes de musique ? Du classique par exemple ?
AL : Oui j'essaie de rentrer dans le classique, il y a pleins de belles mélodies à découvrir, c'est un peu un retour aux sources car c'est qui musique qui existait d'abord, mais ça manque de chant pour moi, j'aime beaucoup le chant. Sinon j'écoute pas mal de folk, de la pop, pas ce qui passe à la radio, tout ce qui me rappelle les Beatles car j'ai grandi avec eux ...

A : Tu veux ajouter quelque chose ?
AL : Non non c'est bon !

A : Merci !
AL : Merci aussi !

Site officiel : www.ayreon.com.
Extraits : www.myspace.com/ayreonauts.