Aedonia : Dans quelle direction voulais-tu aller avec ce nouvel album ?
Stéphan Forté : Par rapport au premier, je voulais quelque chose de plus sombre et de plus progressif.
A : Comment écris tu la musique et les textes, de quoi t'inspires-tu ?
SF : Musicalement, c'est par rapport à toute la musique que j'écoute, que ce soit de la musique actuelle ou de la musique classique. Pour les textes ils me sont inspirés de ma vie de tous les jours, de mes lectures.
A : Que lis-tu comme genre de livres ?
SF : Je lis beaucoup de livres qui traitent de la philosophie de l'existence.
A : Par rapport au premier Adagio, on entend plus d'arrangements claviers sur le nouvel album. C'est dû à l'arrivée du nouveau claviériste Kevin Codfert ?
SF : En fait je voulais mettre les claviers et Kevin en avant sur l'album, je voulais que l'album sonne de cette façon.
A : Comment l'as-tu rencontré ?
SF : J'ai rencontré Kevin à une master classe que je donnais, il est venu me voir pour me demander si je pouvais essayer de lui trouver un groupe. Il m'a donné un Cd et quand je suis rentré chez moi, je l'ai écouté. Et là j'ai pris le téléphone et je lui ai dit, "Je crois que je t'ai trouvé un groupe ..."
A : On pourrait être surpris que les guitares soient un peu en retrait sachant que c'est un guitariste qui compose tous les morceaux ?
SF : C'est sûr mais je considère pas cet album comme un album de Stéphan Forté, je le considère comme de la musique, et pour moi y'a pas de raison que la guitare soit en avant si c'est pas nécessaire. Là j'estimais que le piano devant être devant.
A : As-tu écrit seul toutes les parties piano ?
SF : Oui j'ai tout composé sauf "Next Profundis" qu'on a fait à deux avec Kevin, et sinon j'ai travaillé avec Franck sur "Niflheim".
A : On sent aussi une évolution au niveau du chant, qui pourrait faire penser à Jorn Lande sur certains passages, c'est venu naturellement ?
SF : J'ai demandé à David d'être plus agressif dans son chant, on a travaillé cet aspect ensemble. J'ai dit "Pense à James Hetfield ! Vas-y !".
A : Comment s'est passée ta relation avec le producteur ?
SF : Mieux que sur le premier car dès le départ je lui ai dit qu'on le co-produisait à deux car j'avais vraiment une idée précise de ce que je voulais. Je ne voulais pas qu'il intervienne dans cet album car il est trop personnel, du coup il m'a aidé à aboutir à ce que je désirais vraiment et ça s'est très bien passé.
A : Combien de temps a duré l'enregistrement ?
SF : A peu près trois mois. Mais c'est le mixage qui a pris le plus de temps.
A : Tu as utilisé quoi comme guitares/amplis/effets pour l'enregistrement de l'album ?
SF : Alors j'ai joué sur mes guitares Lag 7 cordes, mon modèle signature et une beast 7 cordes. J'enregistre deux fois toutes les rythmiques, une fois avec chaque guitare pour avoir deux sons différents. Les micros sont des Di Marzio, et j'ai joué sur du Mesa, une tête Dual Rectifier. On a utilisé plein de compresseurs à lampes pour travailler le son.
A : Comment as-tu effectué la prise de son ?
SF : On a pris directement le son en façade d'ampli, et on l'a rectifié et égalisé après l'enregistrement. On a utilisé 4 micros, 2 en faces, 1 d'ambiance devant et un derrière. Il me semble aussi qu'il y en avait un au-dessus.
A : Pour la scène tu vas utiliser quoi ?
SF : Je vais jouer sur 4 baffles Laney avec 2 têtes, je suis endorsé Laney, et je me sers de la pré-amplification du Rocktron Prophesy. Ah aussi, j'utilise un Rocktron Intellipitch. J'essaie de réduire au maximum mon matériel, car moins y'a de matos, moins y'a de galère. J'ai les sons que je veux avec le Prophesy et l'Intellipitch donc c'est parfait.
A : Est-ce que ton modèle signature est disponible pour le grand public ?
SF : Il peut être commandé auprès du Custom Shop Lag, dans n'importe quelle couleur, gaucher, droitier, vu que c'est du custom shop on peut le demander sur mesure.
A : Pourquoi 7 cordes, 27 cases ?
SF : 7 cordes car j'adore les sons graves, pleins de basses et puis comme tout ce que tu peux jouer sur 6 cordes, tu peux le jouer sur 7 alors que l'inverse n'est pas possible, je me suis dit tant qu'à faire allons-y pour 7 cordes. Et puis 27 cases c'est parce que je me sentais toujours un peu bloqué, j'avais toujours envie d'aller un peu plus loin dans les aigus pour chercher d'autres notes.
A : Bientôt 8 cordes ?
SF : Non, non, j'y touche plus maintenant, je ne rajoute pas de cordes ni de cases.
A : Tu travailles beaucoup la guitare chaque jour ?
SF : Je suis obligé en fait. J'ai été obligé d'arrêter 3 mois dernièrement car j'ai chopé une tendinite en enregistrant les solos de l'album. A ce moment là le médecin m'a dit que je ne pouvais plus jouer pour l'instant, et comme il fallait que je finisse l'enregistrement, il m'a dit de forcer dessus mais ensuite d'arrêter de jouer pendant 3 mois. Du coup maintenant j'ai vu ce que ça donnait, et j'essaie de jouer 3 heures minimum par jour pour ne pas repasser par là.
A : Tu te fixes des choses à travailler ou tu bosses au feeling ?
SF : Je me fixe des plans à travailler. Par exemple en ce moment je travaille les solos de l'album, pour les maîtriser le mieux possible, et puis comme j'utilise un peu toutes les techniques tapping, sweepping, aller-retour, extensions, ça me permet de travailler ma technique en même temps. Je m'échauffe avec quelques exercices et j'enchaîne avec mes solos. Mine de rien, faut les refaire sur scène après (rires) !
A : Côté techniques, tu as tes préférées ?
SF : Non pas spécialement j'aime tout, mais c'est vrai que j'ai plutôt tendance à jouer en sweeping et aller-retour.
A : Penses-tu faire un album entièrement instrumental ?
SF : J'y avais pensé, c'était prévu, mais je préfère vraiment me concentrer sur Adagio, y passer encore beaucoup de temps. J'aimerais en faire un plus tard mais pour le moment je veux mettre toute mon énergie dans Adagio.
A : Est-ce qu'il y a des artistes avec lesquels tu aimerais jouer en studio ou en tournée ?
SF : Franck Hermanny, Kevin Codfert, David Readman (!! les membres d'Adagio) ... (rires) ... Non honnêtement, personne ne me vient à l'idée là ... Faire des premières parties de grands groupes , oui bien sûr mais monter un projet avec quelqu'un d'autre, non, pas pour l'instant.
A : Y'a-t-il des rêves que tu voudrais réaliser même en dehors du domaine musical ?
SF : Aller nager dans une cage à requins en Australie, ou en Floride ! Entre autres, mais y'en a plein d'autres ...
A : Il va falloir que ta tournée passe par là-bas alors ...
SF : On a peut être une date à Miami alors là je crois que ça va être l'occasion de le faire. J'en rêve depuis longtemps.
A : Tu écoutes quoi comme Cds en ce moment ?
SF : C'est vraiment varié, j'écoute Portishead, Dimmu Borgir, Meshuggah, des BOs de films, et tout le reste c'est que du classique, ou de la musique contemporaine.
A : Tu tires des influences de tout ce que tu écoutes ?
SF : Non, y'a des trucs qui m'inspirent pas spécialement, ou pas consciemment du moins pour Adagio, comme Portishead par exemple, y'a pas vraiment d'élément commun. J'ai pas forcement envie de jouer tout ce que j'écoute.
A : Comment es-tu venu à la musique ?
SF : En fait ça a commencé tôt. Ca fait 22 ans que je joue de la guitare et j'ai commencé à 5 ans. Je pense que c'est vers 15 ans que j'ai décidé de faire que ça.
A : Tu avais choisi la guitare dès le début ou tu jouais de plusieurs instruments ?
SF : Mon frère m'avait offert une guitare et il écoutait du métal, que du hard rock et j'ai été bercé là dedans très vite.
A : Tu jouais quoi comme morceaux au début ?
SF : Le premier morceau que j'ai appris c'est un morceau d'Alice Cooper, quand j'avais 5 ans, c'était "Eighteen". Je jouais du Alice Cooper, du Black Sabbath, Ted Nugent ... J'ai appris à jouer "Eighteen" avant de savoir jouer des accords sur la guitare ...
A : Tu as fait quoi entre la fin de tes études au CMCN et les débuts avec Adagio ?
SF : Entre le CMCN et ma première démo instrumentale, j'ai essayé de digérer tout ce que j'avais appris au CMCN, et ensuite j'ai fait une démo instrumentale 4 titres pour démarcher des sponsors. Là j'ai eu mes premiers contacts avec Godin, mon premier endorsement, après je suis passé chez GNL, une surmarque de Fender, puis après je suis passé chez Rocktron et j'ai commencé à faire des démos. Puis j'ai été en contact avec Lag et finalement j'ai réalisé qu'il fallait du chant si je voulais continuer à faire quelque chose alors j'ai monté Adagio.
A : De ton point de vue est ce que la vie d'artiste est difficile en France spécialement dans le métal ?
SF : Je ne suis pas intermittent, je n'ai pas voulu, j'ai en fait monté une entreprise pour soutenir Adagio. Tous les problèmes que traversent les intermittents, je les connais car tous mes musiciens sont intermittents, mais pour moi c'est un peu différent. Sinon oui la situation est difficile, la Sécu, les Impôts, tu as que des régimes spéciaux quand tu marches en tant qu'artiste/auteur et c'est vraiment compliqué. J'ai de la chance d'avoir un manager qui s'occupe de tout ça.
A : Je crois que je suis au bout de mes questions, tu veux ajouter quelque chose ?
SF : Je suis désolé de ne pas pouvoir parler plus, car j'ai vraiment mal à la gorge ... J'espère juste que les gens arriveront à apprécier cet album, car c'est vrai qu'il n'est pas facile d'accès, qu'il n'est pas immédiat. Il faut prendre le temps de l'écouter dans de bonnes conditions et pas de façon speed, faut vraiment être au calme pour l'apprécier. Il faut l'écouter comme on regarde un film en fait.
A : C'est vrai qu'on a vraiment l'impression de se retrouver dans un film , c'est différent du premier Adagio ...
SF : Oui, le premier est plus métal traditionnel.
A : C'est voulu ?
SF : C'est voulu et en même temps c'est naturel, c'est venu comme ça dans le processus. Je pense que c'est le fait d'écouter beaucoup de musique de films, ça doit beaucoup m'influencer.
A : C'est limite si on aboutit pas à un concept album finalement, tu aurais envie d'en écrire un ?
SF : Non, ça me dérange un peu les concept albums, parce que j'aime bien que chaque chanson ait une identité et qu'on puisse changer d'idée sur le même album. Je trouve que c'est un peu long un concept sur un album, avec des chansons qui se suivent obligatoirement. Je suis d'accord sur une idée de concept général, mais pas que chaque chanson soit liée les unes aux autres en terme de thèmes.
A : Ok merci !
SF : Merci !
Site officiel : www.adagio-online.com.
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